Prix Nobel 2024 d'économie : contre-arguments
Ces contre-arguments ont été envoyés aux lauréats du Prix Nobel 2024 d'économie et à l'académie royale des sciences de Suède, institution décernant ce Prix.
Les Livres de référence :
Ingénierie des sciences sociales & humaines
Pour le renouvellement de l'intelligence humaine
Contre-arguments au Prix Nobel 2024 d'économie
Une méthodologie spécifique, mise en place par l'ISSH, permet d'étudier et de comprendre autrement les origines des inégalités économiques entre nations. Elle combine naturalisme, biologie et épigénétique. Cette méthodologie est aussi un outil évaluatif. En tant que tel, voici les contre-arguments que nous opposons à ceux des lauréats du Prix Nobel 2024 d'économie.
Une différence de méthodologie
Le Prix Nobel 2024 d'économie a été décerné au trio Daron Acemoglu, Simon Johnson et James Robinson. Leurs réflexions rendent compte de la corrélation positive entre des institutions et la prospérité économique. Pour ces lauréats, c'est la qualité des institutions qui explique les disparités économiques entre nations. Cependant, d'un autre côté, ils excluent radicalement l'impact de « facteurs exogènes » tels que le climat, la géographie et la culture.
Malgré la qualité de leurs réflexions et la densité du travail nécessaire à leurs conclusions, une méthodologie spécifique nous permet d'aboutir à des résultats radicalement différents. En d'autres termes, nous contestons fondamentalement leurs conclusions. En effet, une méthodologie propre à l'ISSH montre qu'ils ont tort d'exclure ces « facteurs exogènes ».
Climat, densité de la population et disparités économiques structurelles entre nations
La meilleure manière d'étudier les disparités économiques entre peuples est (d'abord) d'analyser leurs dynamiques en autarcie. C'est l'option la plus évidente pour mettre en exergue (et pour comprendre) les facteurs endogènes influençant les dynamiques de conservation (survie & bien-être) de chaque peuple dans le temps. A fortiori, en autarcie, il faut partir des « temps zéro », pour comprendre comment ces facteurs ont modelé (ou conditionné) les comportements humains, y compris les mécanismes de prise de décision influençant le développement économique, dans le temps.
Cette méthode est beaucoup plus précise et nécessite l'implication d'une pluralité de disciplines, dont, principalement, le naturalisme, la biologie et l'épigénétique. Précisément, dès les « temps zéro », ces facteurs conditionnent les comportements humains et déterminent, en l'occurrence, la propension à générer la prospérité économique aux temps n et n+1.
D'après l'Ingénierie des Sciences Sociales & Humaines (ISSH), en autarcie, dès les « temps zéro », les peuples ne partent pas sur un même pied d'égalité en matière de propension à générer de la prospérité. Si l'on prend en compte les données de la microanthropologie, celles mettant en lumière la dynamique du déterminisme biologique, ce sont principalement le climat et, accessoirement dans son sillage, la densité de la population qui ont façonné les comportements humains et, donc, le niveau de propension de chaque peuple à générer des richesses. Dès lors, le climat d'abord et, ensuite, la densité de la population sont les deux principaux facteurs à l'origine des inégalités économiques entre nations des « temps zéro » à nos jours. En effet, d'une zone à l'autre, ces facteurs exogènes stimulent de manière disparate le potentiel du déterminisme biologique. C'est ce niveau disparate qui conditionne, dès les « temps zéro », la propension des peuples à créer des richesses. Précisément, ce niveau disparate détermine, d'un peuple à l'autre, d'abord le niveau d'accumulation des CEA en autarcie et, ensuite, la propension de chacun de ces peuples à générer des richesses dans le temps, dont la sortie de l'autarcie.
L'accumulation des CEA représente l'accumulation des Connaissances, des Expériences et, phénomène épigénétique, des Automatismes d'aisance à exploiter le potentiel des facultés psychiques (intelligence, éveil, organisation, discipline, etc.).
Note 1 :
Le climat et la densité de la population sont considérés ici comme condition de départ ou condition initiale. C'est un contexte unique qui, dans une configuration homogène, celle générée par l'autarcie en l'occurrence, conditionne les dynamiques futures, dont celles de la sortie de l'autarcie.
Du climat à la culture
Si, comme le propose l'ISSH, la culture représente le résultat de la manière dont les peuples transforment avec logique et cohérence les éléments de leurs environnements naturels afin d'assurer leur conservation (survie & bien-être), si, comme le démontre encore l'ISSH, elle est déterminée par les conditions climatiques, alors la culture spécifique à chaque peuple est le socle « tangible » de la propension à générer de la prospérité économique chez ce peuple. Bref, les conditions climatiques conditionnent la culture et, par défaut, la culture façonne la propension à générer de la prospérité économique. Ce sont ces niveaux différents de propension qui sont à l'origine des inégalités économiques entre nations.
Nos objections
D'après les données de l'ISSH, voici les principales remarques et objections que nous mettons en lumière :
- Les lauréats du Prix Nobel 2024 d'économie ne visent pas juste lorsqu'ils affirment que la qualité des institutions est à l'origine des inégalités économiques entre nations. Même si elles impactent positivement l'économie, les institutions, dites « inclusives » par ces lauréats, n'offrent qu'un cadre favorable à la prospérité économique. Précisément, la qualité des institutions n'offre qu'un cadre favorable à la libération du potentiel de la prospérité économique.
- Par conséquent, ils ont tort d'exclure le climat, comme facteur exogène façonnant les disparités structurelles économiques entre nations. Prises comme CONDITION DE DÉPART ou CONDITION INITIALE, la diversité du climat et, accessoirement, la densité de la population sont les véritables facteurs à l'origine des disparités économiques entre nations. Et, dans ce sillage, concomitamment, ils ont tort d'exclure la géographie et la culture.
- Ils ne sont pas suffisamment rigoureux lorsqu'ils ne distinguent pas formellement le contexte des dynamiques institutionnelles des nations d'Europe de l'Ouest, promouvant le collectivisme[1], et celui des Etats-Unis, promouvant l'individualisme (chacun pour soi) intrinsèquement compatible avec le paradigme néolibéral. Précisément, le contexte européen est régi, jusqu'à la chute du mur de Berlin, avec la mondialisation du capitalisme néolibéral, par les mécanismes de la société politique de type smithien ou (exclusif) de type keynésien, tandis que celui étasunien est régi par les mécanismes de la société économique. Les identités institutionnelles de ces deux types de société, Société politique (ici, au sens normatif) et Société économique[2], et leurs perspectives de prospérité économique sont (très) différentes. Pour la prospérité économique, les leviers de la société économique sont qualitativement supérieurs à ceux de ces deux types de sociétés politiques. Ainsi, faire la différence entre ces deux blocs permettrait d'injecter l'effet d'accélération, dû au paradigme néolibéral, dans la fonction de la prospérité économique.
- Ils se trompent sur le cas de la Chine. Car, d'abord, du fait du climat, la Chine bénéficie d'un niveau suffisant d'accumulation des CEA (Connaissances, Expérience et Automatismes d'aisance à exploiter le potentiel des facultés psychiques). Cependant, pendant une longue période, le paradigme du modèle économique chinois a bridé la dynamique d'accumulation de ces CEA et, donc, le potentiel de prospérité économique de la Chine. La nouvelle donne est la suivante : dès la fin des années 1970, la Chine a progressivement injecté l'esprit du paradigme néolibéral dans la société en aménageant ou en faisant évoluer son modèle économique, mais elle l'a fait en conservant les institutions dites « extractives » (dictature politique). Rappelons que, comme toutes les nations densément peuplées en zone tempérée (en condition de départ), une grande partie du peuple chinois bénéficie d'un niveau très élevé d'automatismes d'aisance à exploiter le potentiel des facultés psychiques. C'est un phénomène épigénétique. Et, avec cette ouverture dès la fin des années 1970, cet avantage a permis à la Chine de se hisser au top économique en très peu de temps (3 ou 4 décennies seulement). Par conséquent, contrairement aux prédictions des lauréats du Prix Nobel 2024, ceci implique le fait que la Chine a exactement les mêmes chances de « s'effondrer » que les Etats-Unis tant qu'elle conserve le paradigme de l'économie néolibérale. Cet effondrement ne serait pas alors dû aux institutions dites « extractives », mais à l'épuisement du potentiel de la machine néolibérale.
- Ils se trompent aussi sur la Corée du Nord. Car, comme elles partagent des points communs essentiels en situation de condition de départ, cette dernière pourrait adopter la même stratégie que la Chine. Dès lors, l'on pourrait s'attendre à ce que, en peu de décennies, elle puisse ne rien avoir à envier économiquement à ses voisins.
- La manière dont est présentée la colonisation est maladroite et ne peut que susciter controverses et polémiques. En effet, la réalité historique montre que, avec ou sans les institutions inclusives, les peuples européens, a fortiori ceux de l'ouest, manifestaient déjà une propension supérieure à générer des connaissances, bases de la prospérité économique. C'est ce niveau supérieur de propension, d'abord, qui a permis l'émergence de nombreuses idées aboutissant, entre autres, aux institutions inclusives et, ensuite, qui a permis la domination de ces peuples sur d'autres à travers, entre autres, la colonisation. Si les lauréats n'expliquent pas les causes de cette propension supérieure, mais « surfent sur la vague », un problème d'éthique se poserait alors. Sans cette explication, les lauréats fixent, sans le savoir, des statuts naturels de peuples supérieurs et de peuples inférieurs. ; en d'autres termes, ils confortent l'idée d'un suprémacisme racial.
- Le cas de Haïti, dont le sort contraste fortement avec celui de la République Dominicaine, ne peut pas être expliqué de manière fluide et irréfutable avec leur théorie. Bref, l'on ne peut pas comprendre le cas de Haïti avec leur modèle.
Note 2 : Dans cette étude, nous étudions l'impact des principaux types de climats (tropical, tempéré, désertique chaud, désertique froid, etc.) ; nous prenons en compte les grandes migrations telles que, entre autres, celles des ancêtres des Amérindiens et des Inuit actuels via le détroit de Béring ; etc.
Note 3 : Dans cette étude, nous prenons en compte l'impact de la corruption. Nous démontrons, en ce qui concerne les peuples d'origine tropicale, qu'elle est un artefact issu de l'ouverture aux cultures des peuples des zones tempérées. Notamment, la propension élevée et généralisée à la corruption chez ces peuples naît avec le déséquilibre entre libération du potentiel du désir, liée à l'ouverture, et insuffisance de ressources. La corruption n'est donc qu'un facteur accélérant les disparités économiques entre nations.
Notre conclusion
Les réflexions des lauréats du Prix Nobel 2024 d'économie, portant sur les origines des inégalités économiques, ne visent pas juste. Les institutions inclusives ne sont qu'une conséquence de la dynamique d'autres facteurs à l'origine des inégalités économiques structurelles entre nations. Ainsi, sans en être à l'origine, elles ne créent qu'un cadre favorable à la prospérité. En combinant naturalisme, biologie et épigénétique, l'Ingénierie des Sciences Sociales & Humaines montre que c'est le climat qui est à l'origine des niveaux disparates de propension à générer de la prospérité économique.
[1] La notion de collectivisme est, ici, normativisée. Et ses critères sont définis par l'Ingénierie des Sciences Sociales et Humaines. Ses nuances vont, de manière décroissante, du communisme au libéralisme, en passant par le socialisme.
[2] Voir Tack Guy Rostin, L'identité biologique de la société économique, Tome 10, coll. Ingénierie des Sciences Sociales & Humaines.