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2. Une pénombre dans les Lumières

--Ancrage du racisme --

Je convoque une palabre sous un baobab pour comprendre comment les Lumières ont embarqué dans leur porte-bagages le racisme afin, implicitement, de propager une vision subjective de la civilisation ; comment ont-t-elles tenté de dénier l'humanité à l'Homme Noir afin, comme Dieu, de leur en redonner à travers le prisme européocentriste (Hugo, Discours sur l'Afrique, 1849) ? Comment ce racisme a-t-il traversé les siècles et snobé la science pour continuer à coloniser les imaginaires de manière à ce que des téméraires matérialisent de délicieuses abjections telle que « La raison ne se commente pas par un noir le noir est toujours esclave de la raison pas commentateur » ? (Voir références dans l'image ci-dessous) 

La réponse à cette question est minutieusement traitée dans les Tomes 6 (La logique de l'intelligence) et 8 (L'identité du racisme), collection Ingénierie des Sciences Sociales & Humaines.

Dans cette réflexion, nous allons insister sur le côté obscur des Lumières. Notamment, nous allons mettre en perspective les conséquences de la construction du racisme, par les Lumières, sur la crédibilité intellectuelle des personnes de peau noire.

Le levier du racisme : une synthèse

Le racisme est-il inévitable ? La réponse, a priori, est oui si l'on comprend la dynamique du déterminisme biologique consubstantielle à tout Être vivant. Cette dynamique prédispose tout Être vivant à la compétition, notamment pour la survie ; elle impose tacitement des rapports de force entre Êtres vivants. Dès lors, le racisme est la conséquence des rapports de force entre Êtres humains de couleurs de peau différentes. L'Ingénierie des Sciences Sociales & Humaines montre que cette dynamique traduit l'archaïsme anthropologique originel. En d'autres termes, le racisme, comme toutes les autres doctrines discriminantes[2] (individualisme, népotisme, régionalisme, nationalisme, racisme, humanisme, communautarisme, etc.), est la manifestation d'un archaïsme comportemental. Sortir du racisme suppose donc, a posteriori, de contrôler le déterminisme biologique.

Dans les faits, les outils intellectuels historiques proposés par divers mouvements, dont la philosophie des Lumières, ne sont pas adaptés pour contrôler le déterminisme biologique et donc, a posteriori, de neutraliser le racisme[3]. En d'autres termes, les Lumières ne ferment pas les portes au racisme et, d'une manière générale, au vice. Ceci est au cœur, par exemple, de l'avènement de la realpolitik, mettant en exergue l'hypocrisie véhiculée par la conception technique des Lumières. A fortiori, loin de fermer les portes au racisme, elles lui en ouvrent un boulevard. Spécifiquement, ce boulevard est l'œuvre, entre autres, de Kant. Cette ouverture est, d'abord, le fait d'une conception erronée de la raison par Kant et, ensuite, par la revendication du racisme par ce dernier.

Le versant obscur des Lumières

Emmanuel Kant, chantre de la « raison » selon les partisans des Lumières, pouvait paradoxalement ancrer ses réflexions en faveur de la liberté et de la raison, mais, en même temps, axer d'autres sur la taxonomie (classification) des « races » humaines et, donc, leur hiérarchisation. Kant pouvait donc être raciste et faire, en même temps, l'apologie des valeurs universelles des droits de l'Homme. Deux natures antagonistes de réflexion qui, dans un spectre plus large, inspirent profondément, des Lumières à nos jours, le diptyque contradictoire : Droit de l'homme et realpolitik ; une contradiction trouvant notamment ses leviers originels dans une mauvaise conceptualisation de la notion de la raison par Kant.

Pour dissiper tout équivoque, précisons qu'assimiler la pensée kantienne sur les races humaines au racisme s'enracine, jusqu'à en être consubstantielle, dans la définition « immaculée »[4] de cette notion. Le racisme renvoie à la hiérarchisation anthropologique et, donc, à la supériorité intrinsèque d'un groupe de personnes identifiées par une couleur de peau spécifique par rapport à un autre. C'est cette acception qui est exposée et défendue par la pensée kantienne sur la taxonomie des races. Pour Kant, en synthèse, « Dans les pays chauds, les hommes mûrissent plus vite à tous égards, mais ils n'atteignent pas la perfection des zones tempérées. L'humanité atteint la plus grande perfection dans la race des Blancs. Les Indiens jaunes ont déjà moins de talent. Les Nègres sont situés bien plus bas. ». Il considère que les personnes de peau blanche « possèdent toutes les impulsions de la nature dans les affects et les passions, tous les talents, toutes les dispositions à la culture et à la civilisation et peuvent aussi promptement obéir que gouverner. Ils sont les seuls avançant toujours à la perfection ». Les « thèses raciologiques »[5] (pour pas dire thèses racistes) de Kant établissent une causalité. En effet, du point de vue des partisans des Lumières,

  • C'est cette supériorité qui rend légitime la conception centrifuge de l'universalisme tel conçue et appliquée dans des nations occidentales. En effet, la « perfection » consubstantielle à l'Homme Blanc est la référence vers laquelle doivent tendre les peuples non-Blancs et, a fortiori, les Nègres vassalisés dans des cultures rustres et fondamentalement archaïques. Parce que la peau blanche est consubstantielle à la tendance vers la « perfection », opter pour une dynamique centrifuge de l'universalisme est, d'une certaine manière, un service rendu ou une faveur accordée aux non-Blancs et a fortiori aux Nègres. D'où l'expression que l'on entend assez couramment : « Nous leur avons apporté la civilisation ». Plus concrètement, Victor Hugo affirme qu'« Au dix-neuvième siècle, le blanc a fait du noir un homme ; au vingtième siècle, l'Europe fera de l'Afrique un monde »[6].
  • Parce que les Nègres sont aux antipodes de la « perfection » consubstantielle à l'Homme Blanc, ils sont d'office exclus du champ de l'innovation intellectuelle ; puisqu'il est hiérarchiquement inférieur, le Nègre n'est pas intrinsèquement doté de facultés lui permettant de contredire, voire de défier intellectuellement le Blanc. À ce titre, lorsqu'il eut en face de lui une personne de peau noire qui osa le contredire, Kant affirma plus tard que "Cet homme était tout à fait noir de la tête aux pieds, ce qui prouve manifestement que ces propos étaient stupides" [7]. Ceci implique le fait que toute production intellectuelle éventuelle du Nègre ne peut que s'inspirer de ce qu'a produit la le Blanc, sinon ce ne sera pas crédible.
  • Dans un spectre plus large, rappelons que la raison est la résultante de la rencontre entre la morale et le raisonnement (exploitation du potentiel de l'intelligence). Elle est présentée comme étant la boussole de la dynamique conceptuelle de la civilisation consubstantielle à l'Homme Blanc. Suivant cette considération, elle n'est pas compatible avec la sauvagerie consubstantielle aux Nègres. Par conséquent, le Nègre ne peut pas connaître ou atteindre le stade de la raison. Cette dernière lui est fondamentalement étrangère. Précisément, la raison est inaccessible au Nègre. Par conséquent, ce dernier ne peut pas la commenter, il ne peut que la « subir ». Dès lors, parce que « prisonnier » de l'archaïsme, il ne peut s'en extraire que suivant les sentiers prédéfinis par le Blanc. Le sauvage, parce que condamné au suivisme, ne peut pas être intrinsèquement doté de capacités intellectuelles autonomes et compétitives (par rapport au Blanc) ; toute tentative d'innovation intellectuelle autonome et compétitive sera, a priori, d'office jugée non-crédible. Dans l'imaginaire de Blancs qui ont fait du Nègre un Homme, il leur est impossible de concevoir une telle perspective : intrinsèquement, le Blanc et le Noir ne jouent pas dans la même catégorie.

Façonnant les imaginaires des peuples dominants des premiers contacts avec les autres à nos jours, en passant par les Lumières, le racisme à l'encontre des Noirs est profondément influencé par des réalités radicalement antagonistes à la vérité. À ce titre, même les Lumières ont implicitement validé le racisme du fait d'un constat.

La réalité contre la vérité

La réalité impose ici un constat (forcément concret) qui est, en ce qui concerne l'exploitation du potentiel de l'intelligence, un immense fossé entre les peuples Blancs et les peuples Noirs. Précisément, ce constat est celui d'une productivité comparativement très faible dans la dynamique d'exploitation du potentiel de l'intelligence chez les peuples appartenant initialement aux zones tropicales[8]. Dès les premiers contacts avec les peuples Noirs, un contraste s'impose avec un raffinement culturel faisant face à l'archaïsme ; la production intellectuelle et, donc, l'accumulation des connaissances chez les peuples Blancs se situent à des niveaux radicalement élevés par rapport à ceux des peuples Noirs. Ce constat tend à influencer les peuples Blancs qui finissent par établir, implicitement et explicitement (avec Kant), une hiérarchisation des « races ». Précisément, de par ce constat, ils déduisent que les Noirs, qu'ils appellent Nègres, forment une espèce inférieure à la leur ; les Nègres ne sont pas des Hommes ; ils ne le sont que s'ils assimilent la civilisation blanche (Victor Hugo).

Encore de nos jours, les principes imposant les réalités historiques sont tenaces, et semblent traverser les siècles. Ce principe est, rappelons-le, l'incapacité structurelle des peuples Noirs à refaire leur retard, à s'imprégner de la culture d'innovation autonome et compétitive et, donc, à mener des rapports de force avec les autres peuples. En effet, l'impression générale qui se dégage encore aujourd'hui est celui des Noirs à la remorque tant des Blancs que des autres. A fortiori, encore en ce 21e siècle, face aux maladies, à la famine, à la pauvreté endémique, etc. qui sévissent particulièrement chez les peuples Noirs, les solutions proviennent généralement et structurellement des autres ; et avec l'immigration coûte que coûte et ses drames (Sahara, Méditerranée, etc.) comme conséquence de la dépendance, les autres peuples, dont principalement les Blancs, tendent à se convaincre de leur supériorité naturelle sur les Noirs ; ces configurations structurent leurs imaginaires par l'idée de l'incapacité structurelle des Noirs à être compétitifs face à eux et, donc, à avoir leurs propres modèles structurels de développement[9]. Les modernités réelle et potentielle des nations Noires s'inspirent des modèles créés par les autres peuples ; elles demeurent largement et structurellement dans la dépendance. Elles sont en perpétuel suivisme. Cette configuration de suivisme, voire d'incapacité à s'autodéterminer, est une réalité qui entretient donc un racisme profond, du subconscient au conscient, dans les imaginaires.

Cependant, la réalité n'est pas la vérité, même si elle tend dans ce cas à en être supérieure. La génétique démontre que les Noirs et tous les autres peuples de couleurs de peau différentes ne forment qu'une seule et même espèce (Craig Venter, 2000). Nulle couleur de peau n'est inférieure à une autre. Cette vérité d'ordre génétique est renforcée par une autre d'ordre naturaliste dans l'ouvrage[10] La logique de l'intelligence. Dans cet ouvrage, nous démontrons que tous les Êtres humains, peu importe la couleur de leur peau et leurs classes sociales, sont dotés d'un même potentiel d'intelligence.

À cause d'abord de l'omniprésence de réalités défavorables traversant les siècles et, ensuite, de l'établissement incomplet de la vérité, le racisme reste tenace dans les imaginaires des peuples non-Noirs. La vérité apportée par la génétique ne suffit pas. En effet, si nous appartenons tous à la même espèce, pourquoi existe-t-il une disparité, historique et contemporaine, aussi élevée entre les Blancs et les Noirs en matière d'exploitation du potentiel de l'intelligence, de propension à être éveillé, organisé et discipliné ? Voici la question à laquelle il faut impérativement répondre pour contrebalancer les effets néfastes des réalités induisant la ténacité du racisme.

Climat et racisme (Dans le creuset de la réalité)

Si toutes les couleurs de peau sont dotées du même potentiel d'intelligence, le niveau de propension d'exploitation de ce potentiel et ceux de l'éveil, de la discipline et de l'organisation sont déterminés, par défaut, par les conditions climatiques. Ce sont les conditions climatiques qui ont imposé des disparités radicales en matière d'accumulation de connaissances et, donc, de production matérielle ; ce sont elles qui prédéterminent l'épigénétique qui, elle-même, conditionne le QI par peuple ; etc. Une démonstration minutieuse et exhaustive est réalisée par l'Ingénierie des Sciences Sociales & Humaines[11].

Conclusion :

Les Lumières n'ont pas résisté à des réalités extrêmement puissantes tendant à imposer à travers le temps un racisme coriace dans les imaginaires des peuples non-Noirs. Certes, ce mouvement ne promeut ni ne revendique formellement le racisme, mais ses outils n'en ferment pas techniquement les portes ; c'est de ces portes laissées ouvertes que s'engouffre ou s'immisce l'idée de l'infériorité des Noirs par rapport aux autres peuples ; structurellement, cette infériorité se matérialise par la forme centrifuge de l'universalisme traduite par la propagation et, donc, l'imposition de la civilisation blanche dans les quatre coins du monde, en particulier auprès des peuples Noirs.

Cette pénombre dans les Lumières traverse encore le temps avec l'ampleur et la fréquence desdites réalités entretenant cette impression de capacités structurellement inférieures chez les Noirs, en matière de production intellectuelle autonome et compétitive. Elles poussent, au départ, les autres peuples à les qualifier de sous-espèce humaine. La ténacité de ces réalités tend à surclasser, dans le temps, la vérité d'ordre génétique (Craig Venter, 2000). Elles colonisent encore solidement les imaginaires individuels et collectifs de manière à exclure les Noirs du champ de la crédibilité en matière d'innovation intellectuelle autonome et compétitive. La vérité génétique ne suffisant pas, pour neutraliser les effets de ces réalités, il faut la compléter avec une autre d'ordre naturaliste mettant en lumière l'impact du climat sur l'exploitation des potentiels des facultés psychiques (intelligence, éveil, discipline, etc.). Cette vérité d'ordre naturaliste contribuera à contrôler le déterminisme biologique et, donc, à déstructurer le racisme dans les imaginaires individuels et collectifs des peuples non-Noirs.

[1] Cette réflexion est l'une des annexes de L'identité biologique de la raison, Tome 3, pp 456-465, collection Ingénierie des Sciences Sociales & Humaines.

[2] Pour en savoir plus, voir Tack Guy Rostin, L'identité du racisme, Tome 8, collection Ingénierie des Sciences Sociales & Humaines.

[3] Cette affirmation est minutieusement démontrée dans L'identité biologique de la raison, dans Contrôler le déterminisme biologique, Tome 3, collection Ingénierie des Sciences Sociales & Humaines.

[4] Sans que nous ne sachions avec certitude les réelles intentions de leurs auteurs, la définition du racisme est fortement dévoyée de nos jours. À ce titre, est-ce par perfidie ou par ignorance que l'on parle de nos jours de racisme antiblanc ?

[5] Raphaël Lagier, Les races humaines selon Kant, PUF, 2004.

[6] Victor Hugo, Discours sur l'Afrique, 1849.

[7] Emmanuel Chukwudi Eze, The color of reason : The Idea of ''race'' in Kant's Anthropology, Blackwell, 1997.

[8] Le cas de l'Égypte et de certaines civilisations africaines est exposé ou discuté dans l'ouvrage de référence.

[9] Rappelons que cette considération est le fruit des propagandes prétendant, comme celle de Victor Hugo, que l'Afrique n'avait pas d'Histoire avant la colonisation blanche.

[10] Tack Guy Rostin, La logique de l'intelligence, Tome 6, collection Ingénierie des Sciences Sociales & Humaines.

[11] Tack Guy Rostin, La logique de l'intelligence, Tome 6, collection Ingénierie des Sciences Sociales & Humaines.


Comment les Lumières ont-elles embarqué dans leur porte-bagages le racisme afin, implicitement, de propager une vision subjective de la civilisation ? Comment ont-t-elles tenté de dénier l'humanité à l'Homme Noir afin, comme Dieu, de leur en redonner à travers le prisme européocentriste (Hugo, Discours sur l'Afrique, 1849).